En
1963, les élections législatives sont remportées par l'Union des Centres de
Georges Papandréou, vieux routier de la scène politique grecque (il a été
ministre de l'Éducation du gouvernement d'Elefthérios
Venizélos, opposant au régime de Métaxas, puis chef
du gouvernement en exil du roi Georges II, à Alexandrie en 1944).
Fort
de sa large victoire (53 % des voix), il décide d'épurer l'armée, très
marquée à l'extrême droite. L'état-major, obnubilé par la menace communiste,
soucieux de plaire aux États-Unis et inquiet pour lui-même, multiplie les
manœuvres de déstabilisation.
En juillet 1965,
sous la pression de l'armée, le jeune roi Constantin II destitue Georges
Papandréou après la tentative de ce dernier de se placer à la tête du Ministère
de
Cela fut rendu
possible parce qu'un membre du parti de Georges Papandréou, Constantinos
Mitsotakis, fit sécession avec un nombre considérable des nouveaux élus. En
Grèce, on parla d'« apostasie ». Ce même Mitsotakis devint Premier
ministre en 1989.
Ce renversement de
l'Union des Centres avait été rendu possible par des membres de ce même parti
qui cherchaient à exercer le pouvoir pour leur propre compte. On assista alors
à toute une série de gouvernements plus ou moins éphémères entre juillet 1965
et avril 1967.
Papandréou et Panagiotis Kanellopoulos, les
chefs de file de l'Union des Centres et de l'ERE
(Union nationale radicale, parti jusque-là majoritaire), tentèrent de trouver
un accord pour sortir de la crise qui menaçait de se prolonger. L'idée était de
former un gouvernement qui expédierait les affaires courantes et organiserait
de nouvelles élections. Cette solution ne put être mise en place à cause du
coup d'État des colonels.
La monarchie est
alors soutenue par les États-Unis, bien que n'ayant pas su moderniser le pays.
Des troubles se développent devant le refus du roi de confier le pouvoir à la
gauche.
Parmi les nombreux
troubles de cette époque, se situent la mort du député Grégoris
Lambrakis et celle de l'étudiant, Sotiris
Pétroulas. L'affaire Lambrakis
a fait ensuite l'objet du film
« Z ».
Ces troubles
politiques aboutissent au coup d'État des colonels le 21 avril 1967.
Ce 21 avril, des officiers emmenés par le colonel Georgios
Papadopoulos prennent le pouvoir par la force et
abolissent la constitution. Leur tâche fut facilitée par la désorganisation du
monde politique, le discrédit des institutions et l'inertie du palais royal.
En décembre 1967,
le roi Constantin II tenta de reprendre la main par un contrecoup d'État avec
le soutien de généraux. Son échec l'obligea à s'exiler avec sa famille à Rome.
Le royaume de Grèce demeura cependant jusqu'en 1973 la forme officielle de
l'État, les dirigeants successifs de la junte s'attribuant le titre de régents.
Pour conserver et consolider
leur pouvoir, les colonels cherchèrent à éliminer toute forme d'opposition et
de contestation. Dès le coup d'État, des personnalités politiques,
principalement de gauche, mais aussi des libéraux et de simples défenseurs des
droits de l'Homme, furent persécutés. Nombre de militaires et de fonctionnaires
furent révoqués afin de permettre aux colonels de disposer d'instruments de
gouvernement idéologiquement conformes aux « principes du régime ».
Les opposants politiques étaient mis en résidence surveillée, emprisonnés,
déportés sur des îles désertes de l'Égée, mais aussi parfois torturés.
L’île
de Yaros « L’ île du Diable »
Des gouvernements
plus ou moins fantoches se succédèrent afin de laisser croire qu'une vie
politique continuait à exister et que le pouvoir n'était pas détenu par les
seuls colonels et principalement par Papadopoulos.
Malgré la censure, de nombreuses manifestations contre le régime eurent lieu.
Ainsi, 1968 fut
une année difficile pour la dictature. Alexandros Panagoulis tenta d'assassiner le colonel Papadopoulos. Il fut condamné à mort. Une très forte
mobilisation de l'opinion publique internationale permit d'éviter son
exécution. Les obsèques de Georges Papandréou, décédé en résidence surveillée,
furent l'occasion de grandes manifestations contre le régime.
À l'étranger
aussi, les Grecs en exil politique organisaient des manifestations contre la
dictature. Ainsi, en 1969,
Le 29 juillet
1973, le régime organisa un plébiscite qui aboutit à l'abolition de la
monarchie et à la proclamation de
La crise chypriote
fut fatale au régime des colonels, déjà affaibli par une forte protestation,
des étudiants principalement (occupation de l'École polytechnique [Politechnion]
à Exarchia, évacuée par les chars le 17 novembre
1973, malgré l'opposition de son recteur, Constantin Conophagos.
Les événements du Politechnion ne furent pas seulement une révolte
étudiante mais une révolte populaire. Dans la rue se trouvaient des gens de
toutes les conditions. Le 17 novembre, les dictateurs firent marcher les chars
sur l'université. Mais c'est la crise chypriote, à l'été 1974, qui provoqua la
chute de la junte militaire grecque.
Lors du coup
d'État du15 juillet
En juillet 1974,
Constantin Caramanlis est nommé Premier ministre d'un gouvernement d'union
nationale. Malgré l'instabilité et le danger de la situation politique, il agit
promptement pour relâcher la tension entre
Pendant cette
période appelée « métapolitefsi » (Μεταπολίτευση),
Caramanlís légalise le Parti communiste grec (KKE).
Lors des élections de 1974, Caramanlís et son nouveau
parti,
Les difficultés
politiques liées à la dictature puis l'arrivée de la télévision portèrent un coup presque fatal au cinéma grec. En 1968, il
y eut, record absolu, 137 millions d'entrées au cinéma dans le pays (soit 15
entrées par habitant) ; 70 millions en 1973 et 39 millions en 1977. En
Attique, en 1969, il y avait 347 salles de cinéma et 541 cinémas en plein
air ; en 1974, il ne restait que 260 salles et 330 cinémas de plein air. Les
ventes de tickets de cinéma baissèrent de 10 % sur l'ensemble du pays
entre 1968 et 1971 ; surtout, elles baissèrent de 20 % à
Athènes ; la chute pour les films grecs étaient
de 30 %. Le cinéma national s'effaçait face au cinéma étranger, en fait
américain. En 1974, les spectateurs n'étaient plus qu'un million et demi à
fréquenter les salles de cinéma qui projetaient une quarantaine de films grecs.
À ses débuts, la télévision grecque n'émit que dans la région d'Athènes en
1966-1968. Dès ces années, la fréquentation des cinémas y baissa de 5 % en
moyenne tandis qu'elle continuait à progresser dans le reste du pays. Le régime
des colonels favorisa le développement de la télévision et la mise en place de
programmes de qualité afin de fidéliser le téléspectateur. Dans ce but, la
télévision entreprit de diffuser et rediffuser les grandes comédies du cinéma
populaire des deux décennies précédentes. L'idée était de garder la population
grecque chez elle et d'éviter qu'elle se réunît et discutât, aussi bien dans la
salle de cinéma que dans la file d'attente. Dans le même but,